L'eau, une richesse publique qui tend à devenir marchandise

Publié le par agua-culture.over-blog.com

  Aujourd’hui, l’eau douce est une ressource de plus en plus utilisée. Elle devient rare, sa possession devient encore plus vitale. En  effet, sans eau, il ne peut y avoir d’agriculture, de transformations industrielles, de production d’énergie, ni de vie. Son utilisation est proportionnelle aux besoins des hommes : la croissance démographique, le développement agricole et industriel font diminuer les ressources en eau disponibles.

La vision de l’eau comme étant un bien collectif, publique reste cependant minoritaire aujourd’hui surtout au niveau des décideurs mondiaux. Paradoxalement, très tôt dans l’histoire, la volonté des hommes a été d’affirmer leur droit de propriété sur les sources d’eau, de les préserver des intrus et de pouvoir en conserver l’usage en temps de guerre.

On peut prendre l’exemple de la privatisation de l’eau  en Amérique latine, qui  provoque des réactions sur le plan politique et social. L’Amérique latine a la chance de posséder de l’eau douce en abondance. C’est sur son sol que coulent 4 des 25 plus grands fleuves du monde - l’Amazone, le Paraná, l’Orinoco et le Magdalena. Quelques-uns des plus grands lacs du monde sont également situés en Amérique latine, dont le Maracaibo au Venezuela, le Titicaca au Pérou et en Bolivie, le Poopó en Bolivie, et le Buenos Aires, que se partagent le Chili et l’Argentine.  Nous voyons l’importance de cette partie du monde très riche en ressource hydraulique. Cependant, la surexploitation, la pollution et les inégalités sociales, déséquilibrent les conditions d’accès à l’eau des Latino-américains, et la plupart d’entre eux sont loin de consommer la totalité de la part qui leur revient.Final Drop by SjoerdWierenga

De plus, actuellement dans cette partie du monde certaines infrastructures hydrauliques ne sont plus bien entretenues alors qu'à l’époque Inca, par exemple des fêtes entières étaient vouées à entretenir les infrastructures hydrauliques. En effet, dans la majeure partie des grandes villes, plus de 50% de l’eau se perd à cause des fuites présentes dans les canalisations. Certaines villes perdent 90% de leur eau à cause des tuyaux qui fuient. Autrefois surnommée la « Venise du Nouveau Monde » car elle est bâtie sur un lac et sillonnée de canaux, Mexico s’enfonce aujourd’hui et finit d’exploiter les derniers aquifères du lit de son lac. Il s’agit là d’un héritage laissé par les conquistadores, qui ont employé des esclaves pour démanteler les systèmes d’extraction d’eau potable les plus durables des autochtones.  Le respect des hommes vivants dans cette partie du monde a l’époque pour l’eau qui était considérée comme divine, leur ingéniosité et leurs efforts pour  maîtriser et puiser  l’eau  permettaitent à leur population de jouir pleinement de cette ressource pour tous les usages nécessaires comme l’agriculture et l’hygiène quotidienne. Aujourd’hui, en Amérique du Sud, de mauvaises pratiques agricoles, une industrialisation sauvage et la pauvreté urbaine ont énormément nui aux ressources en eau et laissent ces populations « pauvres en eau ». Dans toute la région, bassins aquifères et écosystèmes aquatiques servent fréquemment de décharges pour les détritus. Au cours de la dernière décennie, la région a vu affluer des sociétés privées à but lucratif qui ont exacerbé les problèmes de pénurie, d’urbanisation, de pollution et d’accès inéquitable. Les Uruguayens ont réussi à programmer un référendum national, à valeur législative qui s’est déroulé en octobre 2004, pour que l’eau bénéficie de la protection de la Constitution en tant que droit de l’homme et richesse publique hors de portée de sociétés à but lucrative, un peu comme à la belle époque. Ce qui est regrettable, c’est lorsque l’on étudie de plus près les anciennes habitudes des civilisations : chacune essayait de préserver au mieux l’eau offerte par la Terre et avaient aussi une connaissance très précise de la qualité de l’eau car elles savaient déterminer quelles sources étaient destinées au bétail, à la boisson des hommes, aux lessives. Aujourd’hui, on observe un renversement de la situation mais certains cherchent à réparer notamment en faisant comme les anciens qui avaient déjà le secret des solutions réutilisées aujourd’hui  pour la préservation et la protection de l’eau. De plus , dans de nombreuses communautés, une conception plutôt   religieuse de l’eau  devient, avec le temps et la croissance démographiques, une conception plus commerciale.

Même si l’ensemble de la communauté humaine s’accorde aujourd'hui à vouloir protéger l'eau en essayant de moins la gaspillée, la société reste divisée face aux menaces non-maîtrisables que représente cette ressource (elle est créatrice de « cataclysme ») et nous plongeons ainsi au cœur du débat sur le changement climatique. Ce débat n’est pas nouveau : déjà au IIIe siècle avant JC, l’eau était intégrée dans le “ grand cycle ” et la Grèce imaginait les “ grands hivers ” : si des planètes se plaçaient selon une disposition particulière, un déluge se produirait et dans une autre position, l’univers entier serait consommé par le feu. Au-delà de ces allusions aux deux solstices, la périodicité des refroidissements et sécheresses subits par la Terre était déjà identifiée. Ainsi, on s’aperçoit que la Terre est déjà passée par des périodes d’aires glaciaires et d’aires chaudes. Et pour cause, la nature. Cependant, aujourd’hui, l’homme bouleverse ces cycles par son exploitation intensive de l’eau et ses multiples  activités polluantes.

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