Architecture et Infrastructures hydrauliques

Publié le par agua-culture.over-blog.com

Depuis toujours l’eau a accompagné le développement des civilisations et en a fait parfois leur grandeur et rayonnement. Réciproquement, les hommes de ces civilisations ont su la maitriser pour satisfaire leurs besoins dans un esprit de partage et alors faire preuve d’ingéniosité et de civilité. En effet on le répète, l’esprit de collectivité autour de l’eau, était fort en Amérique latine, à l’époque. Dans cette partie, nous verrons en particulier :

·         Technotitlan et l'Empire Inca (Mexique actuel)

·         L’Alhambra (Espagne)

·         Angkor Wat (Cambodge)

·    Le système Cutzamala (Mexique)


Technotitlan et l'empire Inca :


Tenochtitlan, la capitale insulaire de l’empire aztèque (vers le 12eme siècle), s’installe au milieu du lac Tex-coco.C’est pour cette raison qu’elle est aussi baptisée « la Venise du nouveau monde »

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 Aujourd’hui, la ville de Mexico est construite sur ses ruines. Pour la construire sur un lac, les aztèques ont planté des billots de bois dans l'eau et les ont remplis de pierres et de terre. Le Temple Mayor était un lieu où les sacrifices humains étaient pratiqués très fréquemment puisqu'il fallait selon leur conception religieuse alimenter la course du soleil dans le ciel avec l'eau précieuse (Chalchiuatl), le cœur et le sang des sacrifiés. On peut y voir aussi les vestiges des deux sanctuaires qui la côtoient, l'un de couleur rouge consacré à Huitzilopochtli, le dieu de la guerre, et l'autre de couleur bleue, pour Tláloc, dieu de la pluie. Tenochtitlan était une cité lacustre, sillonnée par une multitude de canaux, presque tous perpendiculaires ou parallèles les uns aux autres et navigables, grâce auxquels on pouvait acheminer à la capitale un flux permanent de marchandises, et comptait 300.000 habitants. Les maisons reposaient sur des bases surélevés, pour se protéger contre les risques d'inondation et comportaient en grande partie plusieurs étages. Une cuve placée sur le patio récoltait l'eau de la pluie. Se souciait t-il déjà de la préservation de cette ressource ? surement ! Ils avaient déjà conscience qu’il fallait tout faire pour l’économiser… La ville était alimentée en eau potable par 2 aqueducs nommés Chapultepec et Coyoacan .

Pour préserver la ville des inondations, une grande digue fut construite en 1445.Au cours du temps, les Aztèques réalisent des prouesses architecturales, en séparant par des digues, les eaux salées et grises du lac de Texcoco de celles du lac de Chalco, douces et claires. Digues et chaussées étaient pourvues de pont-levis .Les rues et places pourvues d’un système d’égouts souterrains évacuent les eaux usées. La population vit dans des huttes en roseaux, édifiées sur les chinampas, véritables jardins flottants que l’on cultive.

 

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Durant la civilisation Inca de nombreuses infrastructures furent construites.(nous en avons parlé dans notre première partie dédiée a l’aspect religieux). En effet, l’irrégularité du relief andin est encore aujourd’hui un défi permanent pour l’homme, car l’eau des rivières descend rapidement dans le fond des vallées ou disparaît dans les cassures du terrain. Des terrasses, des barrages et des canaux furent construits à cette époque afin de ralentir et maîtriser la course de l’eau pour l’irrigation des cultures. Les ingénieurs durent faire des calculs très précis pour apporter l’eau sur plusieurs kilomètres, comme le canal de la Cumbre au nord du Pérou, qui relie entre eux une succession de bassins sur 84 Km. Il aurait été construit entre 1200 et 1100 av. J.-C par les Chimú, qui bâtirent un empire allant de l’Équateur au Pérou. La tradition orale a  transmis le mythe du héros civilisateur, appelé l’Inca (terme qui désignait en fait un empereur inca), qui est à l’origine de ces travaux. Homme grand et lumineux, il avait à ses côtés une couleuvre d’or, capable de creuser des saignées et des canaux dans la roche pour apporter le liquide divin aux mortels.

 

  Tambomachay ou Tambumachay (en quechua, tanpu mach'ay signifie « lieu de repos ») est un site archéologique situé dans la Vallée sacrée des Incas à environ huit kilomètres de Cuzco au Pérou. Aussi surnommé le « Bain de l’Inca », Tambomachay recèle deux fontaines toujours fonctionnelles et plusieurs niches qui auraient pu servir d’abris aux gardes de l’Inca. Les murs de l’édifice sont construits de blocs de pierre et constituent une œuvre de maçonnerie. Une source est captée pour des cérémonies d'ablution et de purification, puis s'écoule à travers un réseau de canaux d'irrigation.


 

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fontaines incas vues du bas de la structure

 

L’Alhambra, un paradis sur terre :


  L'Alhambra de Grenade est un des monuments majeurs de l'architecture islamique et l'acropole médiévale la plus majestueuse du monde méditerranéen. C'est le plus prestigieux témoin de la présence musulmane en Espagne. Son origine remonte à 1238 avec l'entrée à Grenade du premier souverain nasride, Mohammed ben Nazar. Son fils Mohammed II le fortifia. Il  atteint son apogée au XIVe siècle et servait de résidence a chaque souverain arabes.


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Generalife (quartier des jardins), dans l'alhambra 

 

Le Coran décrit le Paradis comme un verger parsemé de jardins, où l'eau circule sans interruption. C’est ainsi que l’on retrouve nombreuses fontaines et bassins dans l’Alhambra, car les arabes cherchaient à le rapprocher le plus possible du paradis.

Les musulmans installèrent un système de captation  des eaux de la Sierra Nevada vers le plateau de la colline où se situe l’Alhambra, par un usage approprié de la ligne de plus grande pente. Sur la colline qui lui fait face, l'absence de dénivellation a permis de même de conduire l'eau grâce au creusement d'aljibes.

Cet afflux hydrologique a permis de transformer l'Alhambra en un jardin luxueux pour les Nasrides. Ils tentaient, dans cet espace aménagé, d'oublier, le temps de leur séjour, les difficultés des opposants à Grenade même, et la pression sans cesse grandissante des armées castillanes aux frontières. Les fontaines sont omniprésentes dans tout l'Alhambra et plus spécialement dans le Generalife et les Palais Nasrides. Ces fontaines apportent une ambiance incomparable et développe une sensation de calme et de sérénité. Toutes ces fontaines sont alimentées par un réseau gravitaire et créées par le système le plus rudimentaire qu’il soit : le chadouf*fontaines-jardins-prives-parcs-grenade-espagne-1826745868-9

* Pour le mot chadouf, voir plus bas.   

Lapport des arabes en Espagne :

Le système d'irrigation était déjà  développé en Andalousie du fait des Romains  qui édifièrent canaux et aqueducs, mais les Arabes le développent et y apportent des innovations techniques comme  la roue à godets (ou noria), révolutionnant et améliorant la vie des espagnols, car les régions espagnoles sont parfois très arides, et la moindre goutte d’eau est vitale.

Le chadouf : 

 chadoufLe chadouf est une paire de poteaux dressés verticalement et reliés par une barre horizontale, que traverse une autre barre ou une forte branche d'arbre, chargée d'un côté de pierres et, à l'autre bout, d'un seau en cuir suspendu à une corde.

L'homme qui fait fonctionner le chadouf  plonge le seau dans l'eau. Puis, une fois le seau rempli, il charge l'autre côté de pierres jusqu'à ce que le poids soit plus élevé et que le seau remonte au niveau du champ (système du levier ou de la balance). Le paysan n'a plus qu'à verser l'eau dans un canal qui l'emmènera dans la direction du champ. Si le sol à irriguer se situe très au dessus du niveau de l'eau, on aménage deux ou trois chadoufs les uns au dessus des autres.

 

La noria (" roue à godet") :

noria-470pxL'invention de la noria facilite beaucoup l'agriculture. Elle permet de monter l'eau dans les canaux d'irrigation, sans effort humain, hormis celui de sa construction. Grâce à ce système d’irrigation, il pousse de nouvelles plantes très exigeantes en eau : l’abricot, la grenade,  le melon, l’artichaut, l'aubergine, l'asperge , l'endive , le rizet la canne à sucre.

La noria est un système d'irrigation qui a été inventé par les arabes au Vème siècle. Elle est constituée d’une grande roue qui peut être construite en bois ou en fer et peut être de différents diamètres. La noria tourne grâce au "vent" de "l'Acequia" (canal du bas de la noria) sur lequel elle se trouve. Elle permet de monter l'eau jusqu'à un autre canal qui se trouve en haut de celle-ci. Ce système permet d'irriguer les jardins de toute hauteur.

 

Le qanat (ou foggara) :

Foggara 02Les foggaras sont des galeries sous la surface du désert qui servent de conduite d'écoulement de l'eau entre la nappe phréatique et une palmeraie. Ces foggaras peuvent avoir 10km de longueur, ou plus; elles sont creusées généralement entre 10 et 15 mètres de profondeur.

Elles sont équipées de regards, visible à la surface du désert, qui servent aux creusements puis à l'entretien des galeries. 

La répartition se fait par un système de peigne dans la partie la plus élevée de la palmeraie. La mesure du débit se fait à l'aide d'un instrument en cuivre appeler CHEGFA. Chaque famille achemine ensuite sa part d'eau vers son jardin, par un système de rigoles appelées SEGUIA.

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L'origine des certaines de ces inventions est à revoir. La noria, par exemple est largement commentée par Vitruve dans son de Architectura, tout comme le tympan.
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