Les fêtes dans le Delta du Mékong
Le fleuve Mékong, qui est une mère généreuse et gracieuse dans le cœur des paysans, apporte mille et un bienfaits et richesses au delta. Les paysans appellent ce fleuve de plusieurs façons selon les régions: Mae Nam Khong au Cambodge et en Thaïlande, et Mae Khong au Laos. Ces deux noms se traduisent en fait par “Mère des eaux”. Bien plus loin encore, à la source du fleuve, au Tibet, il porte les noms de Za Qu qui signifie “Eau des rochers” et de Lancang Jiang, “Fleuve tumultueux”. Au Vietnam, les paysans le surnomment le fleuve aux “Neuf Dragons” (Song Cuu Long).
Ces surnoms ne sont pas la seule marque de respect des paysans. Ces derniers célèbrent en outre de nombreux rites pour honorer la grâce de l’eau. Parmi ces rites, certains sont soumis à des influences religieuses, d’autres sont simplement destinés à remercier le fleuve pour ses bienfaits.
Outre la vie agricole, la vie culturelle occupe une place importante dans le delta : elle est ponctuée de nombreuses fêtes religieuses ou profanes à caractère populaire. On peut observer ces rites à plusieurs échelles. On commencera par les rites dans la vie quotidienne que l’on peut trouver essentiellement au Vietnam.
La cérémonie Cúng:
C’est une cérémonie très simple qui revêt plusieurs significations pour les Vietnamiens. Pour les citadins, le cúng est un acte religieux lié au bouddhisme alors que pour les paysans, cette cérémonie est bien plus importante ! Elle porte également des valeurs religieuses mais c’est davantage une marque de respect envers la nature. Pour célébrer cette cérémonie, les paysans doivent préparer des plats qui sortent de l’ordinaire, des corbeilles de fruits et des fleurs qu’ils ils disposent sur une table bien lavée. Ils brûlent ensuite des bâtons d’encens. Au moment où ils brûlent l’encens, ils prient et remercient les divinités, notamment les dieux de l’eau et de la terre, et ils leur demandent soutien et générosité pour les récoltes à venir.
En fait, ils ne veulent pas que les Dieux soient en colère ; il s’agit donc d’être en bons termes avec eux afin qu’ils apportent leur bienveillante protection. Les paysans exercent cette pratique religieuse deux fois par mois : une fois au milieu du mois, plus précisément le jour de la pleine lune, et une autre fois à la fin et au début du mois. Ces moments correspondent d’ailleurs au cycle de la lune qui contrôle les marées.
La fête Ok-Om-Bok :
La Lune est également célébrée dans la fête du « Ok-Om-Bok » chez les Khmers. Cette fête est organisée une fois par an, le 15 octobre lunaire. C’est un rite particulièrement important dans leur vie spirituelle car elle témoigne de la reconnaissance de l’homme envers la Lune qui, selon les croyances, est le génie qui décide la bonne moisson pour apporter le bonheur aux gens car elle contrôle le système des marées.
La fête a lieu dans plusieurs villes et provinces du delta du Mékong. La course de ghe ngo, le rite du culte de la Lune et le lâcher de lampions sur l'eau font également partie des activités principales du Ok-Om-Bok. Ce rite est devenu au fil des temps un trait de la vie quotidienne, une activité culturelle et spirituelle de la communauté des Khmers du Nam-Bô.
Lôi Pro Tip Tuôch et Lôi Pro Tip Thom :
S'agissant du rite du lâcher de lampions sur l'eau, également typique de la culture Khmère, il est organisé deux fois par an, le 15e jour du 9e mois lunaire : c’est le « Lôi Pro Tip Tuôch ». Un mois plus tard, c’est le « Lôi Pro Tip Thom ». Chez les Khmers, ce rite est destiné à rendre hommage aux génies de la Terre et de l'Eau qui occupant un rôle essentiel dans l'agriculture.
Le Mékong occupe une telle importance dans la vie quotidienne des Vietnamiens qu’une relation culturelle et sentimentale s’est créée entre le fleuve et ses riverains, habitués à vivre ensemble depuis des millénaires ! Ce lien sentimental est important car il permet à ces populations d’exprimer au mieux leur sens de la fête et de perpétuer leurs traditions culturelles !